Artistes et Comparaison

Difficile d’échapper à la comparaison lorsqu’on est un artiste, et qu’on se prête au “jeu” des concours et auditions.

Le problème de la comparaison, c’est qu’elle nous isole, nous séparant à la fois de nous-même et des autres.

  • Une mauvaise relation avec soi-même

Pour nous-mêmes évidemment: on se fait du mal en utilisant les qualités qu’on trouve à une personne pour se punir parce qu’on pense ne pas avoir les mêmes, ou n’avoir pas su comment les exploiter. 

Ce faisant, on nourrit des pensées négatives à notre égard, on se déprécie, on se décourage, on se limite dans nos ambitions, on les revoit à la baisse, et on finit par avoir une mauvaise relation avec nous-même.

  • De mauvaises relations avec les autres

On se compare avec des personnes qu’on connaît, qui nous sont proches. Par exemple, des personnes qui ont été ou sont dans la même promotion que nous pendant notre formation, ou dans la même audition, ou dans la même production.

C’est logique: ça nous donne un point d’ancrage pour notre comparaison, un peu comme la ligne de départ sur une piste de course.

Et la comparaison part généralement de quelque chose de positif qui est l’admiration qu’on éprouve pour les qualités qu’on reconnaît chez ces personnes de notre entourage.

Le problème arrive lorsqu’on utilise ce sentiment d’admiration pour se faire du mal…

En reconnaissant certaines qualités chez autrui, et si on pense être soi-même dépourvu.e de ces qualités, on ressent des sentiments de honte, de manque, de jalousie ou encore d'inadéquation.

Et alors même que nous apprécions les personnes avec lesquelles nous nous comparons, nous associons ces personnes à des sentiments désagréables, et finissons par créer une distance avec elles.

Or, la compétition avec autrui est une compétition perdue d’avance.

A Chorus Line - 1985

Quand bien même vous réussirez à “dépasser” l’objet de votre comparaison d’une façon ou d’une autre, vous n’en auriez jamais fini: il y aura toujours quelqu’un à qui vous comparer ensuite, et contre qui vous “mesurer”, car il y aura toujours quelqu’un que vous trouverez plus ci ou ça que vous.

La seule compétition que vous pouvez “gagner” c’est donc celle que vous menez avec vous-même, pour progresser dans votre art ou votre humanité.

Voici donc quelques pistes pour, avant tout, faire la paix avec vous-même.

Se comparer c’est humain

La première chose qu’il me semble important de soulever, c’est que se comparer, c’est humain. C’est une chose que notre cerveau fait pour évaluer le risque encouru de nous faire éjecter de la meute.

C’est donc quelque chose que nous faisons tous et toutes, et que nous continuerons à faire toute notre vie, de façon plus ou moins invalidante.

Mon idée lorsque j’écris ces mots, c’est déjà de vous faire comprendre qu’il n’y a rien de “mal” à ça, que rien n’est allé de travers, qu’il n’y a rien d’anormal ou de problématique chez vous, et que vous n’êtes pas une personne “mauvaise” parce que vous vous comparez. 

Et je vais même en rajouter une couche pour que vous vous détendiez un peu plus: pensez à la personne à laquelle vous vous comparez particulièrement ces derniers temps… Et prenez conscience qu’il est tout à fait possible qu’elle se compare à vous également d’une façon ou d’une autre.

Je ne dis pas ça pour vous apporter une maigre consolation, car je pars du principe que vous êtes suffisamment bienveillant.e envers autrui pour ne pas vous réjouir de son malheur, mais bien pour vous ramener à cet apaisant rappel que nous sommes des êtres humains munis d’un cerveau qui, au moins dans les grandes lignes, fonctionne de la même façon chez tout le monde, et que donc vous n’êtes pas dysfonctionnel.le (au moins sur ce plan là!).

Normalement, ça devrait déjà permettre de vous ôter d’un certain poids.

Cela étant dit, ça ne signifie pas que la comparaison et les réjouissances qu’elle entraine soient une fatalité, dans le sens où nous pouvons très bien apprendre à la rendre inoffensive, en faisant qu’elle se fasse moins fréquente, et qu’elle soit sans conséquence sur vos projets artistiques. 

Voici donc tout d’abord…

Les pièges à éviter lorsque nous luttons contre la comparaison

Lorsque nous nous comparons, l’erreur commune est de chercher systématiquement à compenser, en nous disant par exemple: “Ok… mais moi j’ai tel autre avantage.” Ça peut soulager un temps… Jusqu’à ce que vous croisiez une personne dont vous considérerez qu’elle est plus au point que vous dans ce domaine précis. C’est donc sans fin. 

Sans compter qu’en entrant dans ce petit jeu, vous entraînez votre cerveau à la comparaison, puisque vous lui faites évaluer vos qualités par rapport aux qualités d’une autre personne que vous. Certes, vous détournez temporairement votre attention de ce qui ne vous convient pas chez vous, mais vous êtes toujours en train de vous comparer.

L’autre piège dans lequel nous avons tendance à tomber,  c’est que nous cherchons à cacher la misère sous des pensées plus “positives” que nous ne croyons pas vraiment, ou qui sont une piètre consolation.

Par exemple: “Oui, mais chacun son chemin…”, ou “ Oui, mais chaque personne est unique avec ses propres qualités…” (Je ne sais pas vous mais moi cette pensée-là, quand je suis en plein dans les affres émotionnelles de la comparaison, ne m’est d’aucun secours!)

Entendons-nous bien: en soi, pratiquer ce type de pensées n’est pas mauvais, c’est juste totalement inefficace si l’on n’a pas fait le travail de fond qui suit au préalable.

Voici donc ce que je vous propose de faire à la place…

  1. Remettre les choses dans le bon ordre:

La comparaison, c’est une ACTION que nous faisons parce que nous PENSONS qu’il nous manque ce que la personne à laquelle nous nous comparons possède.

Ce n’est pas la comparaison qui fait que nous nous mettons à penser que quelque chose nous manque. Nous nous comparons quand le manque est déjà présent à la base, puis la comparaison nourrit ce manque.

Si par exemple vous êtes convaincu.e que vous avez un beau legato mais que votre timbre manque d’homogénéité, ce qui va déclencher l’acte de comparaison c’est de penser à l’homogénéité du timbre de votre collègue, pas à son legato si beau soit-il.

Mais ce n’est pas parce que vous entendez son timbre homogène que vous allez vous mettre à penser que le vôtre ne l’est pas. Tout comme entendre son legato et en penser du bien ne déclenchera pas de comparaison puisque votre propre legato vous plait. 

Lorsque vous ressentez de l’abondance, vous ne comparez pas votre abondance à celle d’autrui et ne l’enviez pas. C’est la croyance qu’il nous manque quelque chose qui déclenche la comparaison.

Yentl - No Wonder

C’est important de remettre les choses dans le bon sens car alors on peut faire le travail de fond. On peut alors comprendre que la comparaison vient de la pensée qu’il nous manque quelque chose.

On peut alors se poser la question de ces manques: quels sont-ils selon nous? Prendre le temps de les noter, et de voir quels sentiments ils entrainent est la première étape. 

Ensuite, nous pouvons prendre conscience que la personne qui a entraîné ces sentiments c’est nous, pas notre collègue au timbre scandaleusement homogène, et que donc, nous n’avons pas besoin de fuir cette collègue pour nous sentir mieux. Avouez que ce serait dommage de fuir la compagnie d’une personne dont vous appréciez les qualités! 

Ensuite, vient l’étape la plus difficile…

2. Admettre que c’est possible

Une fois tous vos manques inscrits devant vous, relisez-les, un par un, et admettez que, oui, c’est possible que vous manquiez de telle ou telle chose.

Par exemple: oui, il est possible que votre timbre ne soit pas aussi homogène que celui de cette collègue. Ou oui, il est possible que votre voix soit moins puissante. Ou que votre jeu soit moins précis. Ou que votre texte soit moins imaginatif ou moins bien construit. Etc.

Oui, c’est possible.

Admettre que c’est possible est ce qui va tout changer. Parce que vous ne serez plus en résistance.

Vous nourrissez ces pensées, qui peuvent tout à fait être “vraies”pour vous. À partir du moment où vous cesserez de négocier avec votre réel, vous relâcherez la pression.

“Ok, ma voix n’est pas aussi homogène que celle de ma collègue.” “Ok, mon coup de crayon est loin d’être aussi facile que celui de mon voisin d’atelier.” “Ok je publie moins de livres que ma voisine de stand au salon de Montreuil et j’ai 100 x moins de visiteurs pour mes dédicaces.”

Et c’est OK: je peux faire la paix avec ça.

Vous la sentez la tension qui se relâche petit à petit dans votre corps? C’est le moment d’ajouter…

3. Et alors?

“Oui, je publie moins de livres que ma voisine de stand. Et alors?”

Est-ce que ça veut dire qu’il faut que je laisse tout tomber? Que je n’aurai jamais une carrière artistique épanouissante? Que je ne serai jamais heureuse de ne pas avoir été le ou la meilleur.e dans mon domaine de compétences? Qu’il faut que je m’en punisse en nourrissant de l’amertume toute ma vie?

Quand on va jusqu’au bout du processus on se rend rapidement compte que ce n’est pas une raison suffisante pour se morfondre et tout laisser tomber.

Billy Elliot - What dancing feels like

On s’aperçoit que l’herbe nous semble peut-être plus verte dans le jardin du voisin, mais qu’on a un jardin nous-aussi, que ce jardin-là c’est le nôtre, et qu’en l’aimant, en s’occupant de lui, en faisant pousser ce qui nous plait dedans, il peut inspirer toutes les fées du monde à venir l’habiter.

Et puis avec le temps on finit par aimer tout simplement le jardin du voisin, et on se sent plein d’amour et de gratitude de le côtoyer d’aussi prêt, de s’y régaler les sens, et d’y puiser chaque jour de l’inspiration pour notre propre jardin. (Oui oui, c’est possible d’en arriver là, promis!)

Cette prise de conscience, aussi anodine nous semble-t-elle, est de celles qui font toute la différence dans une carrière artistique.

Mais cela suppose de construire une confiance en soi suffisamment solide, en développant la certitude que notre capacité à être aimé est complète et totale, qu’aucun “manque” ou “défaut” n’a le pouvoir de nous en amputer, et que notre art et nous sommes dignes d’être aimés, par nous-même comme par les autres, dans toute notre complexité, et avec toutes nos imperfections.

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