L’artiste dans l’Attente de Réponses…

Il y a une émotion très particulière présente dans la vie des artistes, et qui pourtant n’a pas, je trouve, vraiment de mot pour la définir. 

Je décrirais cette émotion comme un mélange d’impatience et de lassitude.

Impatience d’obtenir enfin des réponses à toutes nos démarches, et lassitude de se retrouver régulièrement dans l’attente de ces réponses.

Le terme le plus proche serait la langueur, à la différence près qu’il plane au-dessus de l’être qui se languit un relent de romantisme qui ne se retrouve pas vraiment dans l’état de l’artiste qui attend ses réponses de façon beaucoup plus pragmatique…

Cet état émotionnel, les artistes le vivent régulièrement au cours de leur carrière.

Et il s’accompagne d’une alternance espoir-désespoir qui peut mettre nos nerfs à rude épreuve, et même être une cause importante de défection de nos vies artistiques au profit d’un engouement pour l'élevage de tatous velus de Patagonie: le tatou velu est fiable, lui, il ne fait pas languir.

Pas pu m’en empêcher…^^

Je me suis retrouvée dans cet état d’impatience lassée à plusieurs reprises dans ma vie artistique (amis éditeurs, soyons sérieux: 6 mois pour dire à un manuscrit d’aller se faire voir ailleurs, vraiment??) et cette question revient régulièrement parmi mes client.e.s de coaching: 

Comment faire pour sortir de cet état plombant?

Si vous reconnaissez l’état émotionnel dont je parle, cet article est pour vous! 

  1. Les signes qui ne trompent pas

Tout d’abord, voici une liste non-exhaustive des pensées qui nous taraudent lorsque nous sommes dans cet état de langueur artistique:

  • J’en ai marre que les gens ne répondent pas à mes mails! Quelle bande de mal élevés!

  • Non mais ce serait trop leur demander de nous répondre dans la semaine qui suit l’audition?

  • Non mais ce serait trop leur demander de nous répondre suite à l’envoi d’un manuscrit???

  • J’ai l’impression de lancer plein de choses et que jamais rien ne me revient…

  • À quoi bon, là encore, je n’aurai jamais aucune réponse…

Et voici quelques comportements révélateurs consécutifs à ces pensées:

  • Vous consultez vos mails 70 fois par jour. C’est devenu tellement un réflexe que vous le faites sans vous en apercevoir.

  • Vous vous dites que vous êtes peut-être passé.e à côté du mail de réponse, donc vous vérifiez les spams ou tapez le nom de la compagnie, du producteur ou de l’éditeur dans le moteur de recherche de votre mail.

  • Vous allez vous réconforter avec un petit shot de dopamine: une cuillère (à soupe) de Nocciolata par exemple.

  • Vous appelez un.e amie collègue pour vider votre sac sur les injustices de ce métier artistique à la c*** 

  • Vous scrollez sur les réseaux sociaux pour chercher malgré vous la preuve que vous avez raison de croire que la vie d’artiste est injuste, et vous comparez votre parcours artistique à celui de votre collègue de promo (et finissez la Nocciolata à la louche.)

Pas de honte à avoir: hormis quelques rares spécimens - probablement venus d’une autre planète - nous sommes une grande majorité d’artistes à vivre les mêmes tourments.

Alors on respire un grand coup et on s’observe avec beaucoup de bienveillance et d’admiration: oui, oui, on le mérite.

2. Redorer sa conception du présent

Le sentiment d’impatience provient d’une croyance très simple qui peut se résumer à “ce sera mieux quand…”

Et donc, fatalement, de la conviction que “maintenant, c’est moins bien.”

Pour vous donner une image parlante, c’est un peu comme si vous aviez planté des graines, que certaines de ces graines avaient poussé, parfois magnifiquement, mais que vous concentriez votre attention uniquement sur celles qui ne sont pas encore sorties de terre…

Une solution pour se sortir de cet état d’attente lassée, ou de langueur si vous préférez, c’est donc de se reconnecter aux charmes du moment présent, et donc d’orienter votre attention vers tout ce qui a déjà poussé dans votre “jardin”.

Voici quelques questions orientées pour vous y aider:

  • Qu’est-ce qui me plait le plus dans la vie que je mène actuellement?

  • Sur quelles graines déjà poussées j’oublie d’accorder de l’attention?

  • Qu’est-ce que je ne changerais pour rien au monde?

  • Quels sont les avantages que je vois à ma situation présente?

  • En quoi le chemin que je suis en train de suivre est-il idéal pour moi?

  • Quelles compétences émotionnelles, mentales ou techniques suis-je en train de développer à cette étape de ma vie?

Si vous prenez ne serait-ce qu’une dizaine de minutes pour répondre à ces quelques questions, vous orienterez votre attention consciente dans une direction qui vous fait du bien à l’art, ce qui vous permettra de repartir du bon pied.

Et n’oubliez pas: pas besoin de toucher le fond pour vouloir évoluer! On peut tout à fait vouloir évoluer depuis un état de profonde satisfaction, simplement parce qu’on souhaite expérimenter de nouvelles choses… 

3. Retrouver le plaisir d’agir

On ne va pas se mentir: passer son temps à regarder ses mails, scroller, se comparer, maudire le métier et taper dans le pot de Nocciolata, c’est chronophage, et ça fait plus de mal que de bien.

Mais surtout, ça nous permet d’éviter l’inconfort de passer à l’action vers plus constructif…

Parce que passer à l’action cela implique forcément une part d’inconfort: l’inconfort d’avoir à travailler pour une audition ou un manuscrit, puis l’inconfort d’avoir à présenter au monde les fruits de son travail, et l’inconfort de récolter des réponses négatives… pour ne citer que cela.

Mais, breaking news: vous êtes DÉJÀ en train de vivre l’inconfort de votre situation présente.

La seule différence, c’est que c’est un inconfort auquel vous vous êtes habitué.e. C’est un inconfort familier, connu, dans lequel la partie primitive de votre cerveau se complaît donc volontiers.

De ces deux inconforts, l’inconfort familier et l’inconfort de l’inconnu, l’un vous fera évoluer en direction de vos envies, l’autre non.

Une fois que vous aurez pris conscience de cela, il ne tiendra qu’à vous de choisir, en conscience, votre inconfort.

Pour conserver mon image des graines plantées, c’est un peu comme si vous choisissiez de concentrer votre attention sur les graines qui n’ont pas encore poussé, en regardant intensément la terre qui les recouvre… Plutôt que de retrousser vos manches pour aller planter de nouvelles graines, puis d’autres encore, puis d’autres… Et de constater avec surprise que les précédentes ont fini par pousser pendant que vous étiez occupé.e ailleurs.

Bien évidemment, je vous déconseille la première option. Rien ne vous empêche de prendre un temps de repos pour prendre soin de vous et vous ressourcer entre deux séances jardinage, c’est même indispensable, mais prolonger l’inaction ne ferait que perpétuer cet état de langueur qui rend le tatou velu si attrayant.

Voici donc deux questions à vous poser pour vous remettre en selle!

  • De quelles réponses suis-je dans l’attente?

  • Quelles graines puis-je planter ensuite?

La première vous permettra de faire un bilan, et de constater exactement combien de graines vous avez plantées ces derniers temps.

Pendant ce processus, je vous conseille de prendre un temps pour vous célébrer d’avoir planté ces graines: un cerveau récompensé par une petit pic de dopamine est un cerveau heureux qui aura envie de réitérer l’expérience!

La seconde question vous permettra d’orienter votre attention vers l’action, parce que sans action, pas de résultat. Sans graines plantées, pas de pousses.

Billy Elliot - Scène de la lettre…

4. Retrouver la motivation

Souvent, la perspective de nouvelles actions qui nous rapprocheront de nos envies suffit à générer de la motivation. 

Mais parfois, ça ne suffit pas.

Généralement le “à quoi bon?” prend toute la place à ce moment-là: notre attention est orientée exclusivement vers le passé, et plus spécifiquement vers tout ce qui, dans le passé, constitue une preuve qu’effectivement: à quoi bon?

Dans ce cas, n’hésitez pas à vous reconnecter régulièrement à votre “pourquoi”, c’est à dire à votre motivation profonde. 

Pour cela, je vous invite à faire faire à votre cerveau un virage à 180°, en l’orientant vers votre "vous du futur" qui s’éclate, qui vit sa vie idéale. 

Imaginez-vous dans 1 an, 5 ans ou même 10 ans, comme vous préférez, et demandez-vous ce que cette version de vous-même vit dans l’idéal: 

  • Que fait-elle au quotidien? 

  • Qu’est-elle fière d’avoir accompli?

  • Quels talents se reconnait-elle?

  • Quelles sont ses occupations artistiques? 

  • Comment prend-elle soin d’elle avant ou après sa journée créative?

  • De quelles personnes s’entoure-t-elle?

  • Avec qui travaille-t-elle?

  • Dans quels lieux évolue-t-elle?

  • De quoi s’inspire-t-elle?

  • Quelles sont ses lectures?

  • Quelles compétences a-t-elle développées?

  • Dans quelles circontances? etc.

À vous de compléter la liste! Et surtout, à vous de répondre à ces questions, de préférence par écrit, pour vous accorder un vrai temps de réflexion et de projection vers l’avenir.

Je vous souhaite beaucoup de plaisir dans ce travail sur vous! Et tout plein de graines germées d’ici la fin de cette belle année toute neuve… ^^


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