Vos Pensées au Service de vos Projets Artistiques - Étude de (mon) cas.

Je me souviens, la première fois que j’ai entendu que tout ce que nous créons dans notre vie naît de nos pensées.

Puis, que nos pensées sont optionnelles.

Et que donc, nous avons le pouvoir, en choisissant nos pensées avec intention, de créer ce que nous voulons dans notre vie.

Ma première pensée était “c’est trop beau pour être vrai.”

Et puis je me suis dit “et si c’était possible?” et mon cerveau s’est mis à chercher, et à glaner les preuves que oui, nos pensées ont le pouvoir de créer, de manifester des choses dans notre vie. 

Quand on y pense, tout ce qui a été créé par l’homme est né d’une pensée. “Ce serait tellement pratique de pouvoir voler comme les oiseaux… Et si c’était possible?” et hop: l’avion. 

Même pas besoin que ça ait été déjà créé avant pour suivre un exemple.

Décortiquer le pouvoir de la pensée en action est ainsi devenu une de mes passions.

Que ce soit en travaillant avec mes clientes ou en travaillant sur moi-même, j’adore décortiquer dans quelles mesures les pensées freinent ou bloquent notre évolution, et dans quelles mesures elles la catapultent.

Aujourd’hui, je vous donne donc un exemple tiré de mon propre vécu artistique, pour que vous puissiez constater, à votre tour, le pouvoir de la pensée.

Voici, tout d’abord, l’évènement créé par ces pensées:

Moi, en train de pitcher mon scénario de long métrage à une quinzaines de producteurs en deux jours pendant l’American Film Market de Santa Monica. 

Cet évènement-là, je l’avais en ligne de mire depuis près de deux ans, épinglé sur mon tableau de vision.

Et après l’avoir vécu, j’ai décidé de faire le bilan de comment j'étais parvenue à manifester, donc à rendre concret, réel, cet événement dans ma vie.

Et clairement, mes pensées ont été déterminantes…

  1. La genèse du projet

J’aurais pu me complaire dans l’injustice totale de ce qui “arrivait” à mes enfants pendant des années: l’annonce de l’autisme de mon fils de deux ans, 7 ans après celle du cancer de ma fille qui lui avait fait perdre un oeil alors qu’elle n’avait que dix mois.

J’aurais vraiment pu continuer à maudire ces circonstances toute ma vie. Parce que clairement, ce n’est pas juste et il y a vraiment de quoi se révolter que deux âmes innocentes aient à traverser ça.

Et j’ai passé un certain temps à réagir fortement aux émotions qui me traversaient, et puis j’ai fini par accepter de les accueillir pour écouter enfin ce qu’elles avaient à me dire.

“Mes enfants sont exceptionnels et ils méritent tout l’amour du monde.”

Et j’ai laissé la tristesse m’accompagner tout au long du chemin, parce que c’est ok de se sentir triste, et qu’on a le droit de vouloir le rester.

Mais parce que je pensais chaque jour à quel point mes enfants sont exceptionnels, que j’orientais chaque jour mon attention sur tout ce qui les rendait merveilleux à mes yeux, au delà de l’amour inconditionnel que je leur porte en tant que mère, l’émotion d’amour et d’admiration que je ressentais en y pensant à fini par faire germer l’idée d’un long métrage qui mettrait en avant ce côté exceptionnel de la différence.

J’aurais pu continuer à me détruire intérieurement, mais je me suis mise à construire ce projet.

Dead Poets Society - 1989, by Peter Weir, written by Tom Schulman, and starring Robin Williams.

“You may contribute a verse. What will your verse be?”

2. L’envoi du scénario, première version

Rapidement sont venues les pensées que je n’étais personne dans ce milieu, que je n’avais aucun contact, que c’est un milieu très compétitif, que peu de scénaristes aguerris arrivent à sortir un long en salle etc.

Et bien sûr, mon cerveau allait chercher des preuves pour me conforter dans cette idée que c’était fichu d’avance, et que je ferais mieux de mettre mon énergie ailleurs: les statistiques décourageantes, les histoires glauques du milieu, les témoignages démoralisants en scrollant sur les réseaux…

Mon cerveau filtrait, comme un bon petit serviteur zélé, tout ce qu’il fallait pour que je me décide à jeter l’éponge.

L’avantage c’est que j’avais déjà de bonnes connaissances sur le fonctionnement de notre mental à l’époque, et que je l’ai vu faire, ce petit coquin…

J’ai donc travaillé sur moi pour réorienter mon attention sur tout ce qui pouvait me permettre d'avancer sur mon projet avec confiance, un pas à la fois. 

Voici quelques-unes des pensées que j’ai nourries intentionnellement pendant que j’écrivais mon premier jet:

  • “L’humanité en a besoin”

  • “Ce sujet n’a jamais été traité de cette manière”

  • “Je suis portée par quelque chose qui va bien au-delà de moi.”

  • “Je porterai ce projet toute ma vie s’il le faut”

  • “Ce projet a une fantaisie folle.”

  • “Ça me fait tellement de bien d’écrire ce scénario.”

  • “Ça va faire du bien à beaucoup d’autres personnes de voir ce film.”

Nourrir ces pensées a permis à mon filtre de repérer tout ce qu’il fallait pour que je mène l’écriture de mon scénario à son terme: 

  • j’ai notamment repéré une formation intensive d’écriture scénaristique au CEFPF, au cours de laquelle j’ai commencé à écrire mon premier jet,

  • et qui m’a fait découvrir une résidence d’écriture internationale en Suisse, dont la ligne éditoriale favorise les projets humanistes. 

Quand j’ai vu cette résidence d’écriture parmi les autres, mon filtre avait tellement bien été calibré qu’elle m’a sauté aux yeux comme une évidence, et je me souviens m’être dit “cette résidence d’écriture, elle est pour moi.” C’était Plume & Pellicule.

Si je voulais postuler, il me restait 4 mois pour écrire ma continuité dialoguée alors que je n’en étais encore qu’à un traitement d’une trentaine de pages… Et que j’ai d’autres casquettes. 

La partie de mon cerveau qui œuvre pour ma survie s’est donc logiquement emballée:

  • “Tu n’y arriveras jamais”

  • “C’est trop tard”

  • “Tu ne trouveras jamais le temps”

  • “Tu as vu le niveau? De toutes façons tu ne seras jamais retenue”

  • “C’est ton premier scénario”

  • “ Ce sera même la première version de ton premier scénario”

  • “Il faudrait au moins que tu en sois à ta 5ème réécriture comme tout le monde pour que ce scénario soit retenu”

Bla bla bla…

Évidemment, si j’avais écouté et donné de la valeur à toutes les pensées qui me venaient à ce moment-là, j’y serais encore!

Au lieu de ça, je les ai regardées passer, et me suis dit:

“Oui peut-être… Mais peut-être aussi que mon scénario sera retenu.”

“La ligne éditoriale correspond exactement à mon scénario, c’est du sur-mesure pour moi.” 

Puis je me visualisais pendant la résidence, dans ce magnifique château à Sierre, tapant la discute avec Christopher Hampton... Et je me remettais au boulot.

Jusqu’à ce que je finisse mon premier jet, et que le moment soit venu d’envoyer mon dossier.

Et là, rebelotte:

  • “Ne l’envoie pas, il n’est pas prêt”

  • “Si tu l’envoies et qu’il est rejeté tu ne pourras plus le renvoyer”

Blablabla…

Et voici la pensée, toute bête, mais redoutablement efficace, qui m’a sauvée:

“Le “non” je l’ai déjà, le “oui” je dois aller le chercher.”

(Je vous la conseille vivement celle-ci, c’est de l’or en barre.)

Alors, je l’ai envoyé.

Et mon scénario a été retenu.

Avec, en prime, ce commentaire de Pascale Rey (la créatrice du training Plume & Pellicule) qui continuera toute ma vie de me mettre en extase: “Avec les autres membres du jury, on s’est dit qu’on tenait un OVNI entre nos mains.”

Et hop! Une nouvelle pensée aidante pour avancer: “Mon scénario est un OVNI. Youpi!!!”

3. Le training

Je me souviendrai toujours de ma réaction suite à l’annonce de ma participation à ce training.

J’ai hurlé ma joie, sauté dans les bras de mon mari, exulté, répété, en transe, tout ce que Pascale Rey m’avait dit sur mon scénario, parlé comme une soprano qui a mis les doigts dans la prise: vite, haut, en riant nerveusement de façon intempestive… 

Et je me souviens aussi parfaitement quand le syndrome de l’imposteur m’est tombé dessus suite à ce succès:

  • “Ils vont s’apercevoir que je n’ai rien à faire là-bas”

  • “Pour qu’ils m’aient sélectionnée, c’est forcément qu’ils ont reçu beaucoup moins de scénarios que d’habitude”

Et Blablabla…

Et la semaine de training est arrivée.

Et avec elle, la peur de ne pas “être à la hauteur”, de ne pas être capable de recevoir la critique avec grâce, de ne pas avoir ma place parmi des scénaristes plus talentueux les uns que les autres…

Et toujours ce filtre zélé de mon cerveau qui repérait toutes les informations prouvant mes pensées plombantes:

“Regarde, elle est passée par la Fémis… Tu vois: ils ont déjà eu des sorties en salle… Et elle a obtenu une aide la région… Et eux du CNC… etc.”

J’aurais pu passer la semaine comme ça, à me rapetisser jour après jour, et peut-être même finir par repartir avant la fin, pétrie de honte et d'amertume. 

Au lieu de ça, j’ai choisi de penser:

“Punaise, mon scénario doit être un pur bijou pour que je me retrouve là avec tous ces scénaristes incroyables.”

Et ça a tout changé.

Mon filtre a intercepté et intégré les compliments des autres participants et des intervenants, je les ai compulsés consciencieusement, et je me les suis repassés en boucle toute la semaine. (Ce filtre est vraiment un bon pote quand on l’oriente dans la bonne direction…)

J’ai ainsi été en mesure d'accueillir les remarques constructives avec beaucoup de grâce et même d'enthousiasme: je m'autoriserais à faire vivre en pensée toutes les suggestions qu’on me faisais pour me permettre d’avancer, et je me sentais suffisamment heureuse et détendue pour converser, rire et lier des liens précieux avec les personnes présentes.

Je suis rentrée regonflée à bloc pour la suite, avec des pages et des pages de précieuses pistes de réécriture. 

Parce que l’aventure ne s’arrêtait pas là: la prochaine étape, c’était d’être sélectionnée une seconde fois sur mon projet réécrit, pour participer à Meet Your Match: les rencontres producteurs pendant l’American Film Market de Los Angeles.

4. La réécriture

Et là c’est le drame.

Je n’y arrive pas.

J’ai beau essayer de toutes mes forces, la réécriture n’avance pas. Je ne suis pas inspirée. Pendant plusieurs mois, je manque d’inspiration.

Je loupe donc, au mois de septembre, la première date limite pour envoyer mon scénario réécrit à Dreamago pour les sélections. Qu’à cela ne tienne, il me reste une dernière chance pour le proposer en juin prochain.

Mais toujours rien. Octobre, novembre, décembre… Rien. 

Pourtant, j’avais déjà travaillé sur moi. J’en étais arrivée à la conclusion que la pensée qui me bloquait c’était que je “devais” suivre tous les retours qui m’avaient été faits pour avoir une chance d’être sélectionnée…

Retours faits par 15 personnes différentes. Et si certains allaient dans le même sens, d’autres s’avéraient parfaitement contradictoires.

J’ai donc travaillé à désamorcer ce syndrome de la bonne élève, de celle qui essaye de plaire à tout le monde et en oublie du même coup de se plaire à soi-même, en adoptant cette pensée libératrice:

“Mon scénario n’est pas une démocratie!”

Cela m’a permis de me souvenir que ce scénario, je ne le réécrivais pas pour qu’il soit sélectionné pour les rencontres producteurs de Meet Your Match, mais pour qu’il soit un jour porté à l’écran, ce qui n’est pas tout à fait la même chose (même si participer à Meet Your Match était également un rêve absolu pour moi). 

Cela me replaçait dans l’idée que ce scénario devait d’abord me plaire à moi, avant de pouvoir plaire à quelqu’un d’autre.

Je me suis donc accordé la liberté de réécrire en total alignement avec moi-même… Mais ça n’a pas déclenché l’inspiration pour autant.

J’ai donc continué de creuser sur ce blocage, et ai fini par en trouver la cause réelle… 

J’étais absolument convaincue que si je ne parvenais pas à réécrire mon scénario, c’était parce que la réécriture ça n’a rien de créatif.

“La réécriture, ça n’a rien de créatif.” 

La petite phrase qui n’a l’air de rien, mais qui est capable, quand vous n’avez toujours vécu que pour créer, de faire planter le projet de votre vie.

Pour moi, c’était logique:

“La réécriture, on n’invente plus rien, on ne fait que réagencer et modifier des trucs qui existent déjà. Boring, sans aucun intérêt. Moi ce qui me plaît c’est de partir en sucette dans la créativité la plus absolue. Créer des OVNIS, ça je sais faire. Améliorer un OVNI déjà existant, très peu pour moi.”

Au moment où j’ai mis le doigt dessus, j’ai su que c’était cette pensée mon véritable problème. Parce que j’y croyais vraiment: la réécriture, ça n’a rien de créatif. Pour moi c’était un fait sur lequel le monde entier pouvait s’accorder. 

Alors, j’ai décidé d’y percer patiemment des trous avec les outils de coaching que je possédais, jusqu’à ce que cette pensée prenne l’eau et que d’autres puissent émerger:

“Et si c’était plus créatif que ce que j’imagine?”

“Et s’il était possible que ce soit même un travail encore plus créatif que l’écriture d’un premier jet?” 

Et là le challenge était lancé:

“Comment puis-je rendre la réécriture de ce scénario encore plus créative, encore plus barrée, encore plus folle, encore plus “ovniesque” que ce qu’a été son écriture?”

Les mois qui ont suivis ont été parmi les plus créatifs et inspirants que j’ai vécus de ma vie.

J’ai rencontré des professionnels pour discuter de mon projet et envisager de nouvelles pistes vers l’animation, je me suis nourrie de courts métrages, d’images, d’illustrations, j’ai noirci des pages et des pages d’idées farfelues… 

Et quand est venu le temps de la réécriture, sur des semaines de “résidences” que j’avais réservées à cet effet, j’ai réécrit en me sentant littéralement portée par les muses. 

Mon scénario réécrit avait transcendé le stade de l’OVNI, et même si je savais qu’il restait perfectible, j’étais très heureuse de ce qu’il était devenu.

D’ailleurs, son envoi pour les sélections de Meet Your Match s’est fait dans une absolue sérénité, parce que j’étais convaincue de la qualité de mon scénario, et que même une réponse négative ne m’empêcherait plus de croire qu’il vaut la peine d’être défendu et porté à l’écran.

Et il a été retenu pour les rencontres producteurs. 

Cela confirmait encore une fois ce que mon training de coach m’avait appris: le croyance précède toujours le résultat.

Et ce que Pascale Rey m’en a fait comme retour pour expliquer son choix, c’est exactement ce que j’avais ressenti également: “On sent que tu t’es complètement libérée dans cette réécriture.”

Un OVNI… LIBRE!

5. Les rencontres producteurs

J’allais donc pouvoir participer aux rencontres avec les producteurs intitulées Meet Your Match.

Des speed datings de 10 minutes par producteur pour pitcher mon histoire. 

Et des pensées entravantes, là encore, m’ont sauté en pleine poire:

  • “Tu es nulle à l’oral!”

  • “Tu ne sais t’exprimer que par écrit”

  • “Ils vont tous voir que tu n’as pas les épaules pour ce projet”

  • “Faire passer toute la poésie de ton projet en 10 minutes c’est impossible”

Et bla. Et bla. Et bla.

Pour être honnête avec vous, ces pensées-là, je n’ai pas encore réussi à toutes les anéantir, mais au moins je les remarque, et je les laisse passer sans leur donner valeur de vérité. 

Et ça ne m’empêche pas de nourrir une autre certitude en parallèle, qui m’a vraiment aidée à me dépasser dans cet exercice inédit pour moi:

“Ce projet est une pépite.” 

Cette pensée là, elle bat toutes les autres à plates coutures.

Et puis il a bien fallu y aller quand-même, et j’étais tellement boostée à l’adrénaline que mon cerveau hurlant n’a pas pu en placer une: 10 minutes, c’est vraiment, vraiment très court!

J’ai donc pitché ma pépite à 15 producteurs, dont certains ont demandé à le lire.

Mais j’ai bien conscience que c’est la première étape, que cette aventure ne fait que commencer…

À présent, je prends donc le temps de me poser pour savourer tout le chemin déjà parcouru, et pour envisager la suite. 

Et j’ai hâte de repérer les prochaines pensées bloquantes, parce que j’ai remarqué que ce sont elles généralement qui m’indiquent la direction à prendre… 

Voilà. De cette manière vous avez un aperçu de ce à quoi le travail mental sur les pensées ressemble, et de la manière dont il peut vous permettre d’avancer dans vos propres projets artistiques.

Et si vous décidez d’effectuer ce travail avec une coach certifiée, passée maîtresse dans l’art de repérer les croyances les plus ancrées et de les désincruster efficacement, faites-moi signe! ^^

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