L’Artiste et le Syndrome de l’Imposteur

Le syndrome de l’imposteur, on en entend beaucoup parler, mais jamais d’une manière qui nous permette de lutter contre. 

Si on en fait l’expérience, on se dit que c’est comme ça, qu’on n’a pas le choix, qu’on en est en quelque sorte “victime”.

Dans cet article, j’ai envie de vous donner quelques clés pour identifier comment se manifeste ce syndrome de l’imposteur dans votre carrière artistique, afin que vous en preniez pleinement conscience.

Puis je vais vous donner des clés pour vous aider à le démanteler, parce que oui: c’est en votre pouvoir.

Victor Victoria (Broadway version) - Tango scene - Une des plus réjouissantes impostures de la comédie musicale, incarnée par la merveilleuse Julie Andrews

Le syndrome de l’imposteur se présente tout simplement de cette manière: nous doutons de nos compétences, de nos talents, et nous rejetons nos succès.

Quand vous ressentez ce syndrome de l’imposteur, vous diminuez ce que vous avez accompli par une petite phrase pensée ou prononcée qui ressemble à ceci:

"Oui mais... Et si... ?"

Par exemple: “Oui mais cette audition c’était du tout cuit… Et s’il y avait eu plus de monde à l’audition je n’aurais jamais réussi.”

Ou alors: “Oui mais c’est une toute petite maison d’édition… Et si je n’avais pas rencontré l’éditrice sur un salon au préalable, elle n’aurait même jamais lu mon texte.”

Vous vous reconnaissez? Alors posez-vous ces quelques questions:

  • Où cela se manifeste-t-il dans ma vie ?

  • Dans l’obtention de mes diplômes ? 

  • À la signature de mes contrats ?

  • Lorsque j’obtiens un rôle important ?

  • Quand j’ai un call back?

  • Quand je suis Cast B sur une production?

  • Quand j’ai un rôle titre?

  • Quand mon scénario est optionné?

Nous oublions toutes les choses que nous réalisons chaque jour. Nous les passons sous silence, nous pensons qu’elles ne méritent pas d’être mentionnées.

“C’est normal que j’aie travaillé mon rôle toute la matinée, puis que je sois allée auditionner pour remplacer une autre artiste au pied levé, puis que je sois rentrée pile à l’heure pour récupérer mes enfants à l’école, puis que je me sois occupée d’eux, puis que je sois allée jouer sur scène … Je fais mon travail, je ne mérite pas une médaille pour ça, c’est juste normal.”

Nous ignorons nos accomplissements, ou nos avancées, nous les minimisons ou en attribuons parfois le mérite aux autres.

Le résultat de ce comportement, c’est que vous finissez par ne plus vraiment vous investir. Parce que vous ne récompensez pas votre cerveau pour services rendus, il finit par lâcher l’affaire: sans reconnaissance, sans gratification, il n’a aucun intérêt à se dépasser.

Bien évidemment, il n’y a pas que nous qui soyons responsables de cette minimisation, de cette dépréciation. Il nous faut aussi prendre conscience que nous vivons dans une société patriarcale, sexiste, raciste, inéquitable, et que nos accomplissements ne sont pas perçus ni récompensés de la même manière selon que nous appartenons ou pas à une minorité, selon que nous bénéficions ou pas de privilèges. Nous sommes donc influencé.e.s par ce terreau.

Le travail doit donc être fait tant à l'intérieur qu’à l'extérieur. Et ce travail que vous ferez sur votre syndrome de l’imposteur en tant qu’artiste, vous pourrez l’apporter à l'environnement que nous co-créons toutes et tous.

Mais il est important que vous travaillez sur ce point personnellement, en vous auto-coachant ou en vous faisant coacher. Pour que vous compreniez que les sentiments de peur, de doute, d’inadéquation, de honte, de désespoir... Ce sont vos pensées qui les créent. Et peu importe que ces pensées vous aient ou pas été transmises par la société, le patriarcat, votre éducation, votre culture etc, car votre pouvoir réside dans la décision de continuer de nourrir ou pas ces pensées une fois conscientisées.

Il y a des pensées qui sont plus évidentes que d’autres à repérer et élaguer, en ce qu’elles sont méchantes et cruelles de façon très évidentes: “J’ai vraiment été nulle”, “J’ai vraiment fait de la m*rde”, “Je ne mérite pas cette opportunité”, “Je ne suis pas assez douée”, “Je ne vois vraiment pas ce qu’ils m’ont trouvé” etc.

Là, il est assez simple de se prendre sur le fait et de décider de cesser de nourrir ce genre de pensées.

La La Land - “Maybe I’m not good enough” scene- Emma Stone & Ryan Gosling

Mais il en est d’autres qui se font plus sournoises, comme par exemple celles-ci:

  • C'est juste parce que

  • C'était un coup de chance

  • Je n’y suis pour rien

  • Je n’aurais jamais réussi en temps normal

  • J’ai bénéficié d’un sacré coup de pouce

  • Ça n’a rien d’exceptionnel

  • Ils n’avaient personne d’autre

  • Je ne sais pas comment j'ai fait ça (ce qui implique que je ne sais pas comment le reproduire).

Il est essentiel de prêter attention tout particulièrement à ces pensées. Elles n’ont pas l’air très méchantes comme ça, et peuvent même passer pour de l’humilité… Mais voici un petit exercice qui vous fera comprendre la portée de ces petites pensées d’apparence anodine:

Prenez une photo de vous lorsque vous étiez petite fille, ou une photo d’un de vos enfants. Ensuite, imaginez que l’enfant que vous étiez, ou que votre propre enfant, vienne de faire un spectacle sur scène dans son conservatoire ou dans son école, et adressez-lui ces phrases:

  • Si tu as réussi c’est juste parce que…

  • C’était un coup de chance

  • Tu n’aurais jamais réussi en temps normal

  • Tu as bénéficié d’un sacré coup de pouce

  • Ce que tu as fait n’a rien d’exceptionnel

  • C’est parce qu’ils n’avaient personne d’autre

  • Tu n’avais aucune idée de ce que tu faisais…

Là, vous prenez conscience à quel point ces pensées, qui vous semblaient de simples observations, sont en réalité sournoises et méchantes.

Avez-vous toujours envie de vous les adresser à vous-même?

Voici à présent une piste pour vous aider à vous départir de ce syndrome de l’imposteur. Parce que parfois, simplement changer vos pensées ne suffit pas.

Il faut d’abord vous approprier tout ce que vous avez fait, ressenti et pensé pour en arriver là.

Pour ce faire, posez-vous ces quelques questions:

  • Quelles actions ai-je accompli pour obtenir ce résultat, cet accomplissement?

  • Qu’est-ce que j’ai fait, et qu’est-ce que je n’ai pas fait pour en arriver à cette victoire?

  • Quels sentiments ai-je cultivés pendant ce processus?

  • Quels sentiments inconfortables ai-je accepté d’accueillir pendant toutes ces étapes vers la réalisation de mon objectif?

  • Quelles pensées ai-je générées pour me donner la détermination suffisante pour en arriver là?

Vous constaterez ainsi que le résultat que vous avez obtenu n’aurait pas pu se produire sans vous, sans votre travail, et sans vos talents. Et que c’est grâce à tout ce que vous avez fait, cultivé, ressenti et pensé, que ceux qui vous ont choisi.e vous ont CHOISI.E. Vous prenez pleinement conscience que vos accomplissements n’auraient pas pu arriver sans que VOUS n’y ayez d’abord pris une part active.

Ce travail de fond, c’est un travail essentiel, tant pour vous que pour la société dans laquelle nous vivons. Vous approprier vos accomplissements est indispensable à la construction de votre carrière artistique, et, pour voir encore plus loin, à une meilleure considération de l’art et des artistes dans notre société. 

Je vous ai donné dans cet articles les premières clés pour que vous commenciez à réaliser ce travail de fond de votre côté, mais si vous voulez le pousser plus loin avec une coach spécialisée dans le travail mental et émotionnel avec les artistes pour une changement profond et pérenne, n’hésitez pas à remplir une demande d’inscription à mon programme Premium!


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