Le Coaching au Service des Personnages

Je viens de finir la réécriture de mon scénario de long métrage. (J’exulte, en mettant volontairement de côté le fait qu’il me faudra probablement encore une soixantaine de réécritures avant de voir mon film porté à l’écran.)

Pendant ce processus, j’en ai profité pour affiner mes personnages, leurs objectifs, leurs besoins… Et je me suis aperçue que les outils de coaching étaient absolument parfaits pour ça. (Cela sert d’ailleurs à la fois pour la création de personnages, mais aussi dans le cadre de l’interprétation de personnages déjà existants.)

Je vous partage donc aujourd’hui des exemples et des réflexions, ainsi que quelques questions à vous poser à la fin de cet article, pour vous aider à construire le “film” que vous souhaitez pour votre propre vie artistique.

  1. L’art de poser les bonnes questions à mes personnages

La base du coaching, c’est l’art de poser des questions. Des questions qui offrent une nouvelle perspective, une nouvelle interprétation possible des faits à mes client.e.s.

Pour comprendre comment pensent mes personnages, je les questionne donc au sujet de ce qu’ils pensent des circonstances qui sont les leurs. Et cela ressemble comme deux gouttes d’eau à une séance de coaching.

Par exemple, les circonstances d’un de mes personnages sont celles-ci: Une soixantaine d’années, un fils adoptif de huit ans, autiste non verbal, non scolarisé dans l’Angleterre des années soixante-dix.

Je pars du principe que cette situation présente en elle-même un problème à ce personnage: en effet, sans problème, pas de conflit, et sans conflit, pas d’histoire possible. 

Je demande donc à ce personnage en quoi cette situation lui pose problème, et note les réponses que j’imagine, exactement comme je le ferais avec une de mes clientes (c’est le fameux “flot de pensées”):

“J’ai soixante ans passés, il n’en a que huit, il n’est pas scolarisé, la société de l’angleterre des années soixantes-dix n’est pas prête à l’intégrer, s’il m’arrive quelque chose il est seul au monde et finira interné et maltraité en HP. J’ai peur pour lui, je l’aime, je veux que la société l’accepte, je veux qu’il soit capable de s’intégrer dans la société.”

Ensuite, on voit ce que nos personnages peuvent créer comme résultats dans leur “vie” en fonction de leurs pensées.

Pour ce faire, une fois cet état des lieux des pensées de mon personnage mis sur le papier, je me demande quel est le pire cauchemar de mon personnage. (Et oui, on est cruel quand on est écrivain.e: on sait qu’on doit faire vivre à nos personnages leurs pires cauchemars pour les faire évoluer.)

Ici, c’est manifestement que son fils soit maltraité en hôpital psychiatrique dans le contexte de l'Angleterre des années soixante-dix.

Quand on est coach, ou qu’on s’est déjà fait coacher, on a un super pouvoir: on sait que nos pensées créent nos résultats.

Si mon personnage pense “mon fils risque de finir maltraité en HP”, on sait que les sentiments d’angoisse, d’inquiétude ou de peur vont faire qu’elle va elle-même créer le résultat correspondant. 

En l'occurrence, mon personnage va lui-même créer son pire cauchemar puisqu’elle va spontanément faire interner son fils pour tenter de le “normaliser” à l’aide des procédés utilisés à cette époque. 

J’ai donc un élément de mon climax (cet élément incontournable avant la fin d’un film où l’on retient notre respiration): l’apogée du cauchemar vécu par ce personnage.

Voici à présent un second élément de coaching dont je me suis servie pour la réécriture de mon scénario:

2. L’art de déterminer la différence entre ce que mes personnages veulent, et ce dont ils ont réellement besoin, grâce au manuel.

Lors de l’écriture d’un scénario, on distingue en effet une différence entre ce qu’un personnage VEUT, et ce dont il a en fait BESOIN, sans en avoir conscience, pour pouvoir évoluer.

Ce que veut le personnage, c’est ce qui va le conduire à mener toutes les actions entre le début et la dernière partie de l’histoire.

Le besoin réel d’un personnage, c’est ce qui va diriger son évolution personnelle et relationnelle, sa transformation profonde. 

Ce que veut le personnage peut se traduire par “il faut que.”

Par exemple, un personnage peut vouloir quelque chose très fort au point de penser “il faut que.” ou “je dois”, ou “je devrais”.

Or, quand on connaît un concept de coaching nommé “le manuel”, on reconnaît qu’il s’agit de clauses de son propre manuel, ou d’un manuel qu’il a pour autrui.

(Pour rappel, un manuel, c’est une série de “clauses” qui nous concernent ou qui concernent autrui. Le problème d’avoir un tel manuel est que nous conditionnons notre bien -être émotionnel au bon respect de ces clauses. J'ai écrit un article sur le manuel de l’artiste, n’hésitez pas à le lire si ce n’est déjà fait!)

Dans mon cas, mon personnage pense : “Il faut que mon fils s’intègre à la société pour que la société accepte mon fils.” Ce personnage conditionne son bien-être émotionnel au respect de cette clause de son manuel à la fois par la société et par son fils.

Cette pensée induit un sentiment d’inquiétude, d’angoisse, voire même de peur chez mon personnage, ce qui se traduit dans ses actions par la tentative, entre autres, de faire rentrer son fils dans le moule du système scolaire des neurotypiques, alors même qu’il en souffre sensoriellement, et donc par son propre rejet des particularités autistiques de son fils.

Le résultat que ce personnage crée ainsi (puisque nos pensées créent nos résultats) c’est “je n’accepte pas mon fils tel qu’il est.”

Je sais dès lors que ce dont mon personnage a BESOIN, c’est d’accepter son fils tel qu’il est, avec ses particularités autistiques, ce qui est donc le contraire de ce qu’il VEUT!

The greatest Showman “This is me”, par la sublime Keala Settle (à vos mouchoirs…)

La différence entre ce dont mon personnage à réellement besoin pour son évolution dans mon scénario, et ce qu’il veut, devient alors évidente, de même que les sentiments que ce personnage éprouve, et que les actions qu’il entreprend, évidemment conduites par ces sentiments de peur et d’angoisse, jusqu’à cette action finale du climax.

Tout ceci pour vous dire que, que vous soyez ou non écrivain.e, ou interprète, ce mécanisme mérite d’être reconnu, car c’est celui qui induit les résultats que nous créons dans notre vie.

Nos pensées nous font éprouver des sentiments, qui, eux-mêmes, entraînent nos actions, dont dépendent nos résultats.

3. Pour finir, quelques questions pour “écrire” votre propre “film”

Nous sommes tous et toutes les personnages de notre propre film. Partant de là, imaginez que vous êtes le ou la protagoniste de votre propre film, et posez-vous ces quelques questions:

  • Qu’est-ce que vous voulez? (Votre objectif global)

  • Pourquoi le voulez-vous? (Prenez le temps d’écrire tout ceci pour creuser la question)

  • Quel serait votre pire cauchemar?

  • Pourquoi ce serait terrible?

  • Quel est votre besoin réel? (De quoi avez-vous réellement besoin pour votre évolution?)

  • Sachant cela, quelle est l’issue que vous vous souhaitez dans votre propre film?

  • Quelle sera votre évolution au cours de votre “film” pour en arriver là?

À méditer… ^^



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